Spaceship Lolita : Rencontre avec une créatrice de mode mêlant poésie et technologie
04 juillet 2016
Vous le savez, ici chez Click’n 3D nous sommes particulièrement friands de mode et d’innovation.
De plus en plus de marques se penchent sur l’impression 3D, mais comme toujours les grands noms de la mode puisent leur inspiration dans la jeune création. C’est pourquoi nous avons contacté une de ces jeunes marques afin de savoir comment l’impression 3D a révolutionné leur façon d’imaginer leurs modèles tout en augmentant le champ des possibles.
Pour cette première interview, nous avons rencontré Vanessa Ferreira de Moura, créatrice de Spaceship Lolita, une marque féminine aux accents historiques et fantastiques entremêlées d’inspirations modernes, voir futuristes. Le tout donnant naissance à des pièces uniques, décalées et oniriques. Bref une véritable parenthèse créative dans une industrie de plus en plus conformiste.
Comment l’impression 3D s’est-elle intégrée à ton processus de création ?
Pour commencer, je bénéficiais de 2 atouts majeurs. J’avais à disposition une imprimante 3D (la BCN3D +) et un petit ami concepteur industriel, qui m’assiste dans la phase de modélisation des projets les plus complexes.
Cela m’a permis de développer mes idées à un tout autre niveau. Je n’étais plus dépendante du matériel pour créer, j’étais ce matériel, et l’imprimante 3D l’outil de sa concrétisation. En découle alors une plus grande liberté créative qui me permet aujourd’hui de fusionner mon univers à la technologie.
Quelles contraintes as-tu rencontrées avec l’impression 3D ?
La première fut celle de la modélisation 3D. Certes je possède les connaissances de base des logiciels 3D, et encore une fois je peux compter sur l’aide de mon petit ami, mais j’utilise également des sites de partage de fichiers, notamment Thingiverse, qui est idéal pour débuter dans ce domaine.
L’autre problématique est celle de la gestion des filaments de PLA. D’une marque à l’autre le fil ne va pas s’imprimer à la même température ou dans les mêmes conditions. Sans compter que le PLA ne supporte pas l’humidité, ce qui entraine des problématiques de stockage et de production. Avec les récentes intempéries mon fils cassait régulièrement en cours d’impression, ce qui a entrainé des retards de production et donc de livraison auprès de mes clients.
Enfin, avec ma première imprimante je rencontrais quelques limitations techniques. Aussi j’ai récemment fait l’acquisition d’un modèle plus fiable (la BCN3D sigma), qui permet d’imprimer un plus grand nombre de matières et qui possède 2 buses d’impression, ce qui est un gros plus pour mes créations.
Quels sont tes futurs projets avec l’impression 3D ?
Mon plus gros projet actuel est la réalisation d’ailes mécaniques dont une grande partie du squelette sera imprimée en 3D. Elles seront contrôlées par micro-controleurs et pourront bouger et s’allumer selon plusieurs programmes prédéfinis. Je compte également y intégrer des LED dans chaque plume afin d’avoir un effet de luminescence. Quant aux plumes elles seront probablement faites en filaflex ou en nylon.
Pour les petites séries je vais continuer à réaliser des coiffes qui intègrent beaucoup l’impression 3D, mais également des bijoux avec des cornes de licornes lumineuses ainsi que des coiffes « vitrail » mêlant impression 3D et travail en résine.
J’aimerais beaucoup réaliser des vêtements entièrement en impression 3D, mais cela demande énormément de temps, ce dont je ne dispose pas forcement en ce moment. C’est pourquoi je me concentre pour l’instant sur des éléments de détails, des accessoires et peut-être même des chaussures dans un avenir proche.
Quels projets mode intégrant l’impression 3D t’ont séduit dernièrement ?
Je vois beaucoup de projets formidables de vêtements intégrant les nouvelles technologies, que ce soit l’impression 3D ou les micro-ordinateurs, et cela me motive énormément pour mes futures créations.
La robe araignée d’Anouk Wipprecht ou bien encore le projet de robe papillon des sœurs Ezra+Tuba, en collaboration avec Intel, m’ont vraiment impressionnés.
De façon générale, les projets de vêtements intelligents/connectés m’attirent. Pas tant pour leur aspect pratique, ce qui n’est pas ma priorité, que pour leur esthétisme. Au final je cherche à sublimer mes vêtements grâce à la technologie afin d’accroitre la dimension onirique et poétique de mes créations artisanales.
Pour finir, que penses-tu de l’avenir de l’impression 3D dans le monde de la mode ?
Je pense que l’impression 3D va devenir un atout dans tous les domaines et qu’à terme chaque foyer sera équipé d’une imprimante 3D afin de simplifier son quotidien. Pour ma part j’utilise mon imprimante 3D dans ma vie de tous les jours, que ce soit pour effectuer des réparations ou bien concevoir des supports, des rangements etc.
Quant à l’industrie textile, je doute que l’impression 3D se généralise. Les contraintes restent importantes, en particulier pour les pièces intégralement imprimées. Cela demanderait de développer de nouvelles compétences : modélisation 3D, connaissances des nouveaux matériaux, contraintes de productions etc.
De plus et malgré certains matériaux souples, l’impression 3D reste à mon sens assez rigide et n’offre pas les mêmes possibilités que le tissus. Cependant, l’association des deux peut donner des résultats spectaculaires et c’est ce que j’attends de voir dans le futur.
Nous remercions Vanessa Ferreira de Moura d’avoir pris le temps de répondre à cette interview.
Pour en savoir + sur Spaceship Lolita, nous vous invitons à suivre son actualité sur Facebook et à visiter sa boutique en ligne.
Image à la une : Corne en impression 3D en PLA blanc. Modèle : Christy – Concept, stylisme make-up et photographie: Vanessa Ferreira De Moura